lu en avril 1979
Dès l’ouverture du 1er tome j’ai été pris d’une fièvre dévorante. Je commençais à lire la chronologie et c’était passionnant. Et fascinant. Une lecture merveilleuse car la vie de Proust, dès le début, à travers les noms des gens qu’il fréquente, évoque des sensations exquises, des sentiments raffinés. Le monde est, comme tout milieu, non dénué de mesquinerie et de laideur mais il évoque pour moi des raffinements multiples et attirants. Sur la Correspondance proprement dite: quels sont les correspondants de Proust? Ses amis à qui il écrit sans cesse: Reynaldo Hahn, Antoine Bibesco, Lucien Daudet, Bertrand De Fénelon, Louis D’Albufera et aussi Robert de Montesquiou, Anna De Noailles. Nombreux correspondants, au-delà des amis il s’agit de relations qu’il met au service de ses amis pour toutes les raisons possibles: é élections, articles de presse. La vie de Proust à travers ses lettres: ses études terminées Proust utilise les répits que lui laisse son asthme pour écrire des articles, traduire Ruskin… Il conserve une vie mondaine: dîners et bals chez ses amis, membres de la meilleure société parisienne. Ces lettres n’ont pas la précision d’un Journal Intime qui permet de suivre l’emploi du temps quotidien de l’auteur. En tout cas la maladie l’oblige à une réclusion plus que pénible. Situation pathétique. Contenu des lettres: combiner des rendez-vous; explications littéraires; remerciements pour des livres reçus: Noailles, Montesquiou, France, Barrès, Gregh; explications sur l’amitié, justifications, dissiper les malentendus, ainsi avec Antoine Bibesco. Ils ne se disputent pas vraiment mais il faut solutionner les problèmes: serments no tenus, mensonges et cachotteries. Proust conserve un ton unique de modestie, de respect, de tendresse, d’extrême délicatesse, de prudence, de politesse, de sensibilité et d’intelligence. Extraordinaire habileté pour ne jamais froisser personne.
J’adore Proust et pourtant la lecture de ces 4 volumes ne m’a pas toujours passionné. Dans la connaissance de l’homme, ce qui m’intéresse par-dessus tout, la correspondance est un genre imparfait, comparée au Journal Intime. Les lettres ne sont pas obligatoirement sincères. Remplies de formules de politesse qui masquent la réalité, le coeur de Proust. On ne sait jamais la nature profonde du sentiment de Proust: amour, amitié? J’aurais aimé que les notes de Philip Kolb nous renseignent davantage. Je lirais prochainement la biographie de Painter, elle me fournira peut-être les renseignements qui me sont si chers.
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