Casanova MÉMOIRES*****

lu en 1975 puis en 78-79* La Pléiade

Quand Le Magazine Littéraire a publié son numéro 100 les Mémoires de Casanova sont apparues comme le livre préféré de plusieurs personnalités. Pourquoi les Mémoires de Casanova offrent un tel bonheur de lecture? C’est le portrait d’un homme dans une époque bénie (évidemment pas pour tout le monde), une époque de liberté et de sophistication. Style, raffinement, élégance, séduction. Casanova se peint dans toutes ses dimensions et surtout avec ses qualités et ses faiblesses, grandeur et petitesse, intelligence et vanité, orgueil et générosité. C’est dans sa vérité qu’il nous séduit, nous attache à lui, dans sa sincérité. Par ailleurs une vie si riche en aventures que mille des plus grands romans ne peuvent en égaler la richesse. Voyages, quêtes, amitiés et puis évidemment l’amour des femmes, l’émotion devant la beauté, l’envie de plaire, de séduire. Mais jamais Casanova ne se comporte en Don Juan égoïste qui ne songe qu’à son plaisir. Casanova s’éprend et s’attache à faire le bonheur de celle qui l’a attiré. Si son amour diminue il va tout faire pour lui trouver un bon mari, sérieux et constant. Il nous entraine dans tous les milieux: dans la plupart des cours occidentales, en prison, dans les bouges, dans les plus belles auberges. Il se mêle de politique, de magie, d’économie. Il fait fortune, il est ruiné. Il perd au jeu en une nuit des sommes folles, il se bat en duel aux 4 coins de l’Europe. Il échappe à mille catastrophes et se fait attraper. Il va de ville en ville, de bal en bal. Et partout il aperçoit une silhouette qui le fait rêver et s’arrange pour se faire aimer. Et puis il vieillit.

Il y a tout chez Casanova: la vie toute entière, les hauts et les bas, le bonheur et les pires difficultés, l’amitié, l’amour, des personnages extraordinaires, la littérature, l’intelligence, l’esprit. (Qui d’autre a évoqué ces cachots de la lagune de Venise où les prisonniers, recroquevillés sans mouvement possible, passent la vie dans l’eau jusqu’au cou sans aucun espoir d’en sortir vivant? Torture absolue.)

Immense bonheur de lecture.

*note de 1979: j’ai lu le 1er tome 2 fois, le 2ème 4 fois, le 3ème 3 fois.

Tome I La Pléiade édition 2013 lu en 2013 Je suis émerveillé, encore plus que lors de mes précédentes lectures. Cette nouvelle édition est parfaite, difficile de mesurer les différences mais les italianismes sont un charme de plus. Le sommet du bonheur de lire.

Tome II La Pléiade édition 2015    lu en août 2015 1755 à 1763. Lecture passionnante, langue, rythme, vivacité, intelligence, charme incomparable, modernité, liberté, élégance. Pourtant un peu de tristesse lorsqu’il commet des erreurs qui vont lui coûter cher, tristesse aussi de le voir vieillir, même imperceptiblement. Quel grand bonhomme, il fait partie de ces hommes charismatiques qui ont la vie en eux et qui séduisent. Lorsqu’il dépense : oui mais c’est pour faire le bonheur autour de lui. La vraie générosité est là. Rien d’un égoïste. Tout le contraire. Son bonheur c’est celui de l’autre, à table comme au lit.

Au sommet de la littérature mondiale.

Le bonheur de la lecture comme aucun autre.