lu en décembre 1977
Un livre merveilleux. Brasillach m’a enchanté: sa gentillesse, sa bonté, son enthousiasme m’ont retourné le coeur. Il a écrit ce livre fin 39 alors que la guerre vient d’être déclarée. Il fait le bilan d’une époque révolue.
Il raconte d’abord son arrivée à Paris, en hypokhâgne à Louis-Le-Grand en 1925. Il intégrera Ulm en 1928. Il raconte longuement la camaraderie, les amitiés à Louis-Le-Grand et à Ulm, c’est formidable de générosité. Quelle merveilleuse époque pour viv re à Paris, s’y promener entre amis. Il se dégage de ce récit un charme inexprimable. Bien au-delà de la politique. Il raconte te ses débuts de journaliste à L’Action Française et à Je Suis Partout. Il consacre de longues pages aux personnages qu’il a rencontrés: Massis, Maurras, Bainville, Gaxotte, Rebattet, Blond, Roy, Degrelle, Georges Pitoeff (un homme qu’il appréciait fort) et évidemment à l’actualité politique des années 30: son dégoût du Front Populaire, ses espoirs dans l’Allemagne et l’Italie. Il se désigne ouvertement fasciste et parle avec fièvre de la merveilleuse joie fasciste. Je suis prudent avec les idées politiques. J’ai tendance à m’enthousiasmer pour les idées des gens que j’aime plus que d’avoir des convictions, (sinon qu’en 1977 comme en 2017 je suis un modéré, très méfiant avec les extrêmes). Mais, par delà la politique, ce qui m’intéresse avant tout c’est la personne humaine, non pas l’individu politique. Il est antisémite – un trait d’une époque qu’on voudrait révolue.
Il m’intéresse moins lorsqu’il raconte ses voyages: Espagne, Italie, Belgique.
Voilà l’exemple d’un livre qui me plait: l’auteur s’y raconte – encore qu’il écrive rarement « je », il est toujours entouré d’amis – et raconte son époque. En conclusion il dit son espoir dans le fascisme et raconte une dernière entrevue avec Maurras, personnage intéressant. L’espoir, la joie, la bonté illuminent ce livre d’un jeune fasciste, un idéaliste.
Executé à 36 ans pour collaboration. Malgré mon désintérêt pour la poésie j’aimerais lire les poèmes qu’il a écrits à Fresnes avant de mourir.
L’émotion en lisant Hélène Berr, Primo Levi, Brasillach est la même: l’humanité, les qualités du coeur et de l’âme. Les opinions n’ont rien à voir. Même si je suis de ceux qui ne peuvent comprendre l’exclusion, la violence et la haine.
Qu’en penserais-je si je le relisais en 2020?
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