lu en mai-juin 2012
Poèmes, roman, nouvelles, journal et essais de cette américaine née en 1933 et suicidée en 1963 à Londres. La biographie qui introduit ce gros volume est passionnante et le récit de sa dernière nuit lorsqu’elle prépare son suicide et protège ses deux jeunes enfants est bouleversant. Des pages saisissantes, inoubliables. Les poèmes ne m’ont pas intéressé, comme aucun poème d’ailleurs sauf peut-être du Baudelaire/Verlaine/Rimbaud. Le roman est remarquable : elle y raconte son internement, les electrochocs après sa première tentative de suicide à 18 ans. Les nouvelles sont inégales mais plusieurs sont excellentes (tatoueur, une nuit de juin, les premières). Le Journal est excellent aussi, dommage que son mari l’ait détruit en partie. Il y a chez elle une volonté d’écrire, de s’exprimer, d’exister et jamais je n’ai lu un texte qui montre la complexité pour une femme d’exister dans la société par elle-même. Elle a eu un impact mérité chez les féministes. Et quand elle parle de son envie pour les hommes qui peuvent mener leur vie sexuelle comme bon leur semble tandis qu’elle – comme elle a choisi de ne pas heurter la société, comme elle va se résoudre au mariage et à élever des enfants – souffre de désirs sexuels incessants qu’elle ne peut assouvir et qui lui brûlent les reins. Jamais lu ça chez personne. Peut-être avait-elle des désirs plus fort que d’autres ? Et aussi quand elle se demande : est-ce que mon envie d’écrire s’atténuera lorsque je serai mariée et heureuse sur le plan sensuel ? Intelligence remarquable, talent littéraire énorme. Livre marquant. Puissant.