lu en décembre 2011
Une correspondance qui couvre 40 ans, 1968 à 2008. Les lettres qu’elle écrit : à sa Maman, à sa grand-mère Mitou, à son éditeur, à ses amis, à ses fournisseurs, à son grand amour Paul Guilbert et aussi toutes celles qu’elle reçoit : de ses lecteurs, moins nombreuses que celles de ses lectrices, de ses amants. Que de talent chez la plupart des lectrices, comme si elle avait ce don de rendre ses lectrices plus intelligentes. Si touchante Agnès… c’est elle qui donne le titre. Aspect thérapeutique des livres, combien de lectrices qui avouent : je vous ressemble, moi aussi, je veux écrire… J’ai pleuré. Souvent. Surtout à la fin : les bagarres avec sa Maman, avec sa sœur. Les malentendus. Les imbroglios judiciaires, son côté teigneux, bien entendu elle est sincère et profondément honnête. Tellement sensible. Fragile et inflexible au point de laisser penser à de la parano. Parfois dans les dernières centaines de pages on se dit qu’elle est dingue, qu’elle devrait se montrer plus conciliante mais c’est plus fort qu’elle, elle est ainsi, elle cherche la justice, ce qu’elle croit la justice. Il y a aussi tout ce qui concerne Paul, leur vie pas commune, leur week-ends ensemble et lui avec d’autres femmes dans la semaine, ce qu’on ne comprend que bien tard, après sa mort. Augustin, le fils unique né en 86. Et toute sa vie d’écrivain : la difficulté à écrire, le travail épuisant, incertain, acharné pour venir à bout de chaque livre, les incertitudes matérielles qui découlent de la vie de quelqu’un qui vit de sa plume. Et puis il y a la qualité de l’expression, le talent littéraire, probablement plus perceptible dans la première moitié : la poésie de l’être rare qui voit autrement, autre chose et qui l’exprime avec justesse. La force d’un tel ouvrage c’est qu’il représente toute une vie, avec ses ups and downs, riche comme la vie. Il y a le père, François Billetdoux, personnage complexe avec de nombreux côtés sombres, semblable à Raphaele. Enfermement, absence de succès, difficultés d’argent, silence. Il y a Evelyne, la mère et Mitou la grand-mère, elles sont toutes deux dynamiques, enthousiastes, lumineuses. Et puis Paul, l’amoureux pendant 30 ans, le grand journaliste qui débuta comme secrétaire de Joseph Kessel, puis au Quotidien de Paris, à l’Express et enfin au Figaro. Ils se voussoyaient. Ne vivaient pas ensemble, se voyaient pendant le week-end. Paul l’homme libre, flamboyant, l’ami de Chirac, dont on découvre, même si des soupçons… après la mort, les nombreuses maîtresses qui se disputent le rôle de première dame. Paul qui propose l’Amour avec un grand A, la liaison sublime, loin des contingences matérielles, loin de la vie quotidienne, ensemble juste pour le beau et le grand. Un grand livre, grand comme la vie, tout simplement. Douloureux, passionnant, irritant, poétique, LA VIE.