lu en mars 2011
Toujours un plaisir de lire Houellebecq. Impression générale : ce roman est meilleur que le précédent dans son approche thématique. Cette fois il parle d’art et de régionalisme, pour résumer. C’est plus prenant que le côté ésotérique et religieux du précédent. Même s’il a parfois des éruptions un peu crues, voire atroces, c’est plus rare. Il s’est domestiqué, il s’est adouci, il s’est assagi, pour enfin conquérir le Prix Goncourt. C’est l’histoire d’un artiste, photographe puis peintre, Jed Martin, né en 75 et mort en 2035. Le personnage est typique du personnage ( ou narrateur ) Houellebecq : plutôt mou, désabusé, sans illusion sur l’humanité, la vie et la marche du monde, relativement asocial, vivant seul mais qui connaît parfois des pulsions sexuelles. Il a du succès, deux jolies maîtresses (en 20 ans), gagne de l’argent, se retire à la campagne. Comme toujours chez Houellebecq le récit s’accompagne de considérations philosophiques et de trouvailles plutôt drôles. La philosophie de fond c’est sa notion de régionalisation, il fait de la prospective comme toujours et de l’analyse sur l’art. La trouvaille c’est de s’inclure lui-même comme personnage auquel le héros se lie. Là où ça devient très drôle c’est quand il inclut Jean-Pierre Pernaut comme personnage. À son habitude il le fait avec le plus grand sérieux, sans la moindre ironie. Il parle également de Beigbeder de manière neutre, sans moquerie. Il veut toujours surprendre, là où on ne s’y attend pas. Il intègre même une enquête criminelle. Il sait se montrer cinglant avec des personnalités nommées en toute lettre. C’est assez varié, divers : il veut nous en donner pour notre argent et le livre compte 424 pages. Un livre très agréable, ce n’est pas un grand classique, ça n’a pas le poids, la densité d’un grand livre mais c’est agréable, charmant.