Peter Jackson: Get Back

Après un court récap de l’histoire des Beatles le film commence le 3 janvier 1969 dans un hangar à Twickenham où les 4 musiciens se réunissent pour enregistrer de nouvelles chansons en préparation d’un album et d’un film voire d’un concert prévu pour la fin du mois.

Ils s’asseyent face à face et commencent à jouer quelques notes. John, Paul et Georges amènent chacun des bribes de chansons, des ébauches, quelques notes ou quelques mots. Ces quelques notes vont se transformer, sous nos yeux, en hymnes planétaires. Immédiatement la magie opère, l’émotion vous saisit. Ce n’est pas exagéré d’affirmer que les larmes vous montent aux yeux, régulièrement. Ces 4 garçons souriants, moqueurs, ordinaires, gentils, fraternels sont les Beatles et ils sont en train de créer de nouvelles chansons qui vont toucher des millions de gens sur toute la planète. Pour ceux de ma génération c’est irrésistible. En 69 j’ai assisté à la sortie d’Abbey Road. Je commençais sérieusement à m’intéresser à la musique et je n’allais pas tarder à redoubler ma troisième du fait de cette nouvelle passion. J’aimais bien Something, Here Comes The Sun mais Come Together était le morceau qui me fascinait, c’était puissant, un son tellement moderne, cette basse en avant, c’était du rock à l’état pur. J’avais une petite radio et quand j’entendais les premières notes de Come Together, je m’arrêtais et je serrais le petit transistor contre mon oreille. C’était fabuleux.

Quand on a vécu ça et qu’on aperçoit aujourd’hui ces 4 garçons en train de compléter les premières notes, d’ajouter les paroles, chacun amenant sa contribution, c’est un sentiment de miracle, c’est une émotion qui vous submerge. On entend John avec Child Of Nature, qui deviendra Jealous Guy, Let It Be, Across The Universe (ma préférée?), Don’t let Me Down (comment est-il possible qu’une mélodie aussi forte ne fasse même pas partie de l’album et se retrouve en face B de Get Back ). Dig It que j’adore, seulement 50 secondes. Quel talent, quels talents! 4 mecs sympas, cool, qui composent les plus belles chansons au monde! On les regarde sans se lasser, émerveillés. Ce sont des superstars mais ils se comportent tellement simplement. Oui John arrive le matin avec Yoko dans sa Rolls blanche mais jamais aucun ne montre de l’arrogance. Ils sont tous merveilleusement gentils. On disait que Yoko gâchait tout, elle est si discrète, ne dit jamais un mot et lorsque John la fait danser à 2 ou 3 reprises, c’est émouvant et beau, c’est l’amour. Un jour Linda vient et photographie tout le monde. Elle discute avec Yoko, elles sont toutes les deux, bonnes camarades, les épouses des plus grandes stars, et elles se comportent comme nous, tout simplement. Ce qui m’a surpris c’est le rôle de Paul, clairement le leader devant un John discret, souriant, calme, de bonne volonté. Les chansons signées Lennon/McCartney sont d’abord écrites par l’un ou par l’autre puis arrangées à deux avec la contribution de George. George, le plus jeune, n’a que 25 ans, les autres 27/28 mais il est un guitariste créatif, sensible, subtil et il est clair qu’il souffre d’être maintenu à l’écart du duo. Il voudrait être entendu, il voudrait que ses compositions soient écoutées. Tous ces détails se retrouvent dans les articles consacrés au film. George décide de quitter la session à la mi-janvier. C’est triste, on comprend sa frustration. Personnellement j’ai adoré ses albums solo et je suis très sensible à la tendresse qui émane de ses chansons. En tant que compositeur et interprète j’ai même eu toujours tendance à le préférer à Paul et à le mettre juste en dessous de John. Heureusement John, Paul et Ringo décident d’aller chez George pour le convaincre de revenir au studio. La 2ème tentative sera la bonne. Ils finiront à 4. Ringo tout au long du film se montre souriant, plaisantin, facile à vivre, ne se déparant jamais de sa bonne volonté. Adorable, jamais une plainte, toujours le sourire et une belle gueule. Un vrai beau gosse. Il assure, sans se lasser. Et puis arrive Billy Preston, un merveilleux rayon de soleil, une personnalité lumineuse, enjouée, un sourire irrésistible, son apport musical est énorme.

A la fin le concert sur le toit, très bref mais formidable (Get Back et Dont Let Me Down) surtout à travers la réaction des gens dans la rue qui réagissent devant la camera, ils n’aperçoivent même pas les musiciens mais réagissent à la musique et unanimement témoignent de leur émerveillement. Jusqu’aux policiers qui interviennent à cause du bruit et qui, finalement, ayant obtenu l’accès au toit, restent bouche bée.

Comment conclure? Le genre de film à partager en bande, entre amis, à savourer, à commenter, à danser…

Mémorable. Merci à Peter Jackson d’avoir pris le temps.

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