lu en juillet 1992
Une biographie convaincante et parfaitement construite. Elle montre bien l’essentiel de la personnalité de Maxwell: un ambitieux forcené qui voulait la richesse, la puissance, le pouvoir. Une confiance en soi, une assurance à toutes épreuves qui lui permettaient de toujours rebondir, de ne jamais se décourager, d’attaquer toujours plus fort. En affaires il avait le talent de compartimenter. il était le seul à tout savoir de sa centaine de sociétés. Il imposait ses chiffres à ses propres comptables et même aux auditeurs – scène passionnante de l’audit de fin d’année où Maxwell garde en otages ses auditeurs la nuit du 31 décembre pour les contraindre à signer des documents falsifiés. Attaqué il répondait par des mensonges toujours plus énormes et ça passait – à peu près. Ce n’est que dans les derniers mois qu’il a pillé les fonds de ses retraites de ses employés pour renflouer les sociétés en difficulté et sauver son empire. Et là il est devenu un escroc sans pareil. Amusant de constater à quel point les hommes politiques le révéraient, l’encensaient; il suffit de voir Jack Lang. Il avait promis à sa jeune épouse: « un jour je serai premier ministre de l’Angleterre. » Il a été élu au Parlement, à coup de millions, mais il s’est heurté, émigré juif, à l’Establishment britannique qui règne sans partage. Fascinant moment quand il a ridiculisé Bernard Tapie qui prétendait diriger TF1: Maxwell se lève et le toise (plus grand de 25 cm) en disant: « Bernard, ici le patron c’est moi » et Tapie, tout petit actionnaire, de baisser la tête.
Quelle leçon de business! Livre extraordinaire et passionnant. On est bien loin du médiocre et flatteur Joe Haines – livre de commande.