EXTRAIT: Michel mon ami
Je n’avais pas eu l’occasion de lui parler mais il m’intriguait. Nous devions avoir le même âge. Quelque chose chez lui m’intéressait. Son visage respirait l’intelligence, une distinction que je percevais clairement.
Comment pouvait-on se faire une idée de la personnalité de quelqu’un en regardant son visage quelques secondes ? Cet inconnu au nœud papillon n’était ni ouvrier agricole ni serveur de restaurant. Que Madeleine le présente comme comédien et enseignant ne me surprenait pas. Il en avait tout l’air, intellectuel avec une personnalité originale. Quand je l’avais aperçu en sortant de chez Alphonse j’avais traversé la rue pour l’aborder.
» Je vous ai vu le 25 à la salle. Vous m’avez donné envie de vous connaître. Je peux vous offrir un verre? Vous avez deux minutes ?
– Vous ne pouvez pas mieux tomber, j’ai soif ! »
Il n’était pas timide, un sourire malicieux. Il semblait sombre de loin mais l’idée de prendre un verre lui donnait le sourire. Nous nous étions installés au Café de La Poste.
« Michel Félis, clown en retraite.
– Benjamin, pas assez drôle pour être clown. Vous avez fait le clown vraiment ?
– Non j’ai enseigné, ce qui revient au même. Lorsque j’ai débuté j’expliquais à mes amis que c’était ça ou clown dans un cirque. Enseigner c’est faire le beau et faire rire.
– Pas seulement…
– Bien sûr.
– Vous avez arrêté l’enseignement ?
– Routine démoralisante, chaque jour la même chose, la même sottise chez les élèves, la même bassesse chez les collègues… On se tutoie, évidemment.
– Tu arrêtes l’enseignement au bout de combien d’années ?
– Plus de 25 ans. C’est long. Une amie me convainc de la rejoindre dans une troupe de théâtre en banlieue parisienne. Elle me connait depuis quelques années et me dit que j’ai la personnalité qu’il faut pour réussir, bien que je n’aie jamais pris une leçon. Je ne pouvais pas tenir compte de mes 10 ans à la direction du club théâtre du Lycée. Bref je n’avais pas la moindre formation ni un commencement d’expérience mais comme elle avait de beaux yeux et moi une vanité exagérée j’ai claqué la porte de l’éducation nationale à 51 ans, ravi de quitter la foutue colonie de vacances. J’ai découvert une autre prison, un repaire de négation de l’intelligence s’il en fut. L’ego, la suffisance, la vanité poussés à l’extrême, une densité de médiocrité inimaginable. J’avais un peu d’argent hérité de mes parents, je l’ai mis au service de la troupe. J’étais reconnaissant de leur accueil. Ils ne voulaient que mon argent. Je m’étais vanté d’avoir de l’argent un jour que je me croyais malin dans le lit de cette Sylvine. Je voulais faire le beau et compléter le tableau du super amant en insistant et en plus je suis riche. Pas riche d’ailleurs, le terme était exagéré mais j’étais tellement fier que son beau cul m’appartienne que je me croyais tous les pouvoirs. Ensuite pris au piège, témoin de la galère de mes compères j’ai accepté de financer une tournée qui s’est avérée un gouffre. Nous avions commencé la tournée avec du Beckett et, par désespoir des salles vides, nous avons essayé du Molière qui n’attirait pas plus de monde. Le théâtre c’est mort, c’est foutu, sauf dans quelques salles parisiennes et encore.
– Le théâtre de boulevard fait salle comble.
– Ah le boulevard ! Nous faisions du théâtre noble, créatif, intelligent. Sans subvention. Rien à voir. J’en suis bien revenu, c’est pitoyable, c’est pathétique. Je ne veux plus en entendre parler. Fini. Stop.
– Ça a duré combien de temps ?
– 4 ans, juste le temps de bouffer mon argent, je payais tout. La fille couchait avec moi pour récupérer l’argent qui nourrissait la troupe. Elle se prostituait au nom de l’art. Elle était en mission. Elle se sacrifiait pour le bien de l’humanité. Moi j’en profitais. La vaste fumisterie.
– Tu ne regrettais pas l’enseignement ?
– Au bout d’un an ou deux je savais que je m’étais trompé mais je n’avais pas envie de revenir au lycée, plutôt crever.
– L’orgueil ou la raison ?
– Un peu des deux. La routine je n’en voulais plus. La liberté avant tout. Ne plus dépendre de personne même si tu dépends toujours de quelqu’un, de l’état, de l’administration.
– Tu es resté encore deux ans ?
– Je restais prisonnier de ma connerie, de mon entêtement. J’ai poussé le truc à bout, je suis allé à fond, j’ai tout cramé. Sans même me faire plaisir en jouant car j’étais lucide sur mes manques, sur mes faiblesses. Je ne connaissais pas le métier, je n’avais pas les bases et mes compagnons ne valaient guère mieux que moi. Supercherie complète. On faisait 600 kilomètres pour jouer devant 14 personnes. Ensuite on restait sans rien faire pendant un mois ou deux. On faisait semblant de répéter une nouvelle pièce mais sur 6 comédiens il en manquait toujours deux, un bordel ! Plus d’argent enfin, je suis parti. Je me suis retrouvé ici, je vis du RSA, je n’ai pas honte de l’avouer et d’en profiter. Voilà tu sais tout. »
Je n’avais pas fini la 2ème bière, Michel en avait bu 3.
Je l’avais quitté à midi. Je voulais rentrer pour écrire, pas question de manquer à mon devoir. Dans la voiture au retour j’étais heureux. J’avais trouvé un copain. Devant mon ordi en alignant péniblement les mots je ne pensais qu’à une chose, retrouver Michel, bavarder avec lui, l’écouter, lui raconter ma vie, découvrir la sienne. Il riait fort et large. Il me plaisait. Je m’accrochais à l’écriture. L’histoire que je racontais m’intéressait moins, je voulais parler de Michel. J’avais tenu bon pendant 1h30. A quoi s’occupait-il ? Est-ce qu’il écrivait lui aussi ? Est-ce qu’il lisait ? J’avais mangé un morceau et j’étais allé marcher. Je n’avais ni son téléphone ni son adresse mais je savais où le trouver.
Je n’avais pas pu m’empêcher de frapper à sa porte le soir même. Il était 18h. Il portait une robe de chambre qui faisait penser à Sacha Guitry. J’avais ri en le voyant devant moi, tout autant de ma joie de le retrouver que de son accoutrement. Il souriait pareillement.
« Tu vas me déranger tous les jours comme ça ? On ne peut pas travailler ici ! »
Il avait le talent de la provocation. Un être vivant !
« Je n’ai pas fini de te déranger. Tu ne voudrais pas qu’on aille à Bordeaux dîner ?
– Tu n’as rien à manger chez toi, il faut que je te paie le resto, tu te fous du monde !
– Mets ton manteau, on y va.
– Tu sais que je n’ai pas un €.
– Je sais. Je paie. Arrive.
– Je vais quand même changer de chemise.
– Prends surtout un manteau, ça caille. «
« Qu’est-ce tu fais chez toi ?
– Rien.
– Rien, ça veut dire quoi ?
– Je regarde la télé, je dors, je lis le journal.
– Tu écris, non ? Un littéraire comme toi, avec ce que tu as vécu…
– J’ai essayé mais ça m’ennuyait, rien de bon.
– Pourtant tu as le talent de raconter des histoires, en une heure ce matin tu m’as convaincu.
– Avec une bouteille de rouge je te fais du Balzac mais devant le clavier je ne vaux rien. J’ai essayé, ça ne fonctionne pas. Trop fatigant, je n’ai plus la force. J’étais fait pour le cirque, faire le clown, c’est tout. Devant des élèves abrutis ça passait encore mais les adultes m’ennuient.
– Je ne te crois pas. Je suis sûr que si tu y travaillais tu trouverais le ton qui te convient et tu nous régalerais, il faut quand même travailler.
– Je sais mais je n’ai plus envie. Je suis trop paresseux pour écrire. Je ne fais rien et j’aime ça.
– Je ne vais pas te lâcher, ce serait trop bête de perdre tout ça.
– Tu crois qu’il n’y a pas assez de connards qui pondent des livres tout le temps avec leur vie misérable ?
– Sûrement mais moi, j’aimerais lire tes histoires. Il y a en toi quelque chose de savoureux, c’est évident. Il ne faut pas le perdre.
– Je vais te les raconter. Si ça te fait plaisir.
– Bien sûr, j’ai envie de tout entendre mais je suis sûr que l’écriture te ferait du bien.
– Peut-être. On en reparlera. Tu m’emmènes où ?
– Tu as envie de quoi, des huitres, une énorme côte de bœuf ?
– De la barbaque, oh oui ! Je crois que je n’ai pas mangé un morceau de viande décent depuis 3 ans.
– Tu vas te rattraper, je te le garantis. »
À Bordeaux, la nuit était glaciale ! Je portais une doudoune de marin Sail Racing mais Michel était frigorifié. Il était trop tard pour trouver un magasin. Nous avions marché jusqu’à L’Entrecôte où j’étais sûr que nous allions nous régaler, viande à volonté avec sauce exquise. Michel avait les traits marqués, il faisait ses 61 ans mais il avait conservé une silhouette mince et élancée.
« Je n’ai pas les moyens de beaucoup manger. L’estomac s’est habitué, ça me va. Pas de voiture, pas d’argent, je ne vais quand même pas prendre le car pour aller au supermarché. Quand tu te nourris chez le petit commerçant ça coûte une blinde. Tu as compris pourquoi je suis resté mince. Je fais attention, je n’ai pas les moyens de m’empiffrer. Je suis gourmand mais la dignité impose de rester présentable et de surveiller sa ligne.
– C’est le signe du séducteur, de l’homme de spectacle qui cherche à se montrer sous son meilleur jour…
– Mais l’habit ne fait pas le moine. Tu vois ce que je veux dire : clean à l’extérieur, moins à l’intérieur.
– Que veux-tu dire ?
– A toi je peux l’avouer : je suis rebelle, aigri, méchant, envieux, vieux sûrement même si je fais tout pour éviter de le paraître.
– On ne peut pas cacher son âge, j’accepte de paraître ce que je suis. Cela dit c’est peut-être un signe de vieillesse que de se résoudre ?
– Sûrement. Mais c’est ridicule de faire le jeune quand tu ne l’es plus. Tu aperçois une fille de 25 ans et ton âge ne t’empêche pas de la désirer mais tu sais qu’elle te voit comme son grand-père, tu ne dois pas l’oublier.
– C’est une réflexion qui me vient souvent : le regard ne vieillit pas mais le visage…
– Si j’avais de l’argent je paierais une fille.
– Je ne peux pas m’y résoudre, j’ai besoin de tendresse.
– Pour moi c’est le charnel, toucher la peau…
– Comment tu fais pour venir en ville, tu n’as pas de voiture, tu prends le bus ?
– J’ai horreur du bus, quand je dois bouger, j’emprunte la voiture du type du café, il me connaît. »
Michel mangeait, savourait, buvait. Le voir joyeux me faisait plaisir, il profitait et j’en riais. Il racontait sa vie. Il avait bourlingué, fait de la politique, du naturisme, connu mille filles, voyagé partout, traversé l’Europe ou l’Asie chaque été. Il s’exprimait avec une verve réjouissante. Il n’avait pas parlé depuis longtemps. J’étais content de contribuer à son bien-être ce soir-là.
« J’habitais dans la région quand j’étais jeune, je suis né dans le Lot Et Garonne, Bordeaux c’était la grande ville où nous nous rendions deux fois par an. J’étais étudiant ici. »
« On va boire un verre, je voudrais vérifier si la Cave existe toujours. C’était notre repaire quand on avait un peu d’argent. Il y a 40 ans, putain, ça me semble hier. »
Il avait choisi un digestif qui s’avalait goutte par goutte. J’avais moins bu que Michel mais j’étais aussi exubérant que lui. La vie était belle avec un copain. Tout semblait facile, aucun souci, rien sur les épaules. Michel avait demandé à la fille du bar : « Il y avait une boîte dans le coin, le Chachacha ou un truc comme ça ? – Ça ne me dit rien, la boite de la rue Saint-Claude, juste là, c’est le Tremplin. – Ce n’est pas trop loin ? – Non, deux minutes max. »
Nous marchions vers le club dans un froid terrible. Nous avions pris un verre pour nous réchauffer. Un mercredi soir quasi désert. Assis à une table basse, nous regardions les filles qui dansaient et s’installaient petit à petit. Trop jeunes pour nous. Quand une plus de 40 ans arrivait elle nous semblait moche. Nous nous moquions, nous nous amusions. Nous ne songions pas à bouger de notre observatoire. Ni lui ni moi n’avions dansé depuis des années. Pas question de se lever de notre siège, pas question de se ridiculiser, il nous restait un minimum de lucidité. Nous avions soif. Une fille de la table voisine qui lorgnait notre bouteille de champagne s’était penchée pour demander : » Vous pourriez partager, non ? » Michel avait dirigé la bouteille dans sa direction en m’adressant un clin d’œil. « Approchez-vous les filles. » Trois femmes d’environ 30 ans. Collègues de travail qui fêtaient l’anniversaire d’une assez jolie – pour autant que la faible lumière permette d’en juger. Michel endossait le rôle de séducteur. Il jouait tout autant le grand seigneur que le playboy nonchalant et sûr de son effet. Il parlait fort pour se faire entendre. Il servait le champagne avec générosité, c’était la 2ème bouteille. Il s’était levé pour danser. Une fille avait glissé sur le fauteuil pour se rapprocher de moi. Elle m’avait demandé d’où nous venions. Nous n’avions pas des têtes de Bordelais. Elle posait des questions, quel job, pourquoi nous étions à Bordeaux… J’écoutais distraitement, j’avais envie de dormir. Je m’étais levé en l’interrompant pour demander au bar l’adresse d’un hôtel tout proche. J’avais réservé deux chambres, pas question de reprendre le volant. Je n’étais pas en état de conduire et je n’aurais pas laissé ma voiture aux mains de Michel encore plus excité que moi. Quand j’étais revenu m’asseoir la fille m’avait demandé quel hôtel j’avais choisi. Elle ne cessait de se pencher sur moi. Lorsque je répondais à une de ses questions elle m’écoutait avec une attention forcée qui me déplaisait. Ses yeux brillaient comme si j’étais une star. Je ne songeais qu’à dormir. J’attendais Michel qui dansait avec une énergie surprenante. La fille demanda : » Tu crois qu’on pourra rentrer à l’hôtel avec vous? Ton copain il est gentil, il pourra nous donner combien ? Toi aussi tu as de l’argent ? » J’allais donner de l’argent à Michel pour qu’il couche avec une de ces filles. Si ça lui faisait plaisir cela ne me dérangeait pas. J’éprouvais de l’affection pour lui et je voulais lui faciliter les choses mais je craignais qu’elles abusent.
Apercevoir un décolleté et des jambes minces éveillait le désir mais m’imaginer seul avec une de ces filles, la déshabiller… non, cela ne me disait rien, une étrangère sans partage possible. Pas d’intimité possible sans un minimum d’affection et de complicité. A 25 ans je me serais laisser aller, plus maintenant. Je préférais rêver d’une jolie fille. Ma voisine se penchait en souriant. Son insistance me gênait. Elle était vulgaire. « Tu sais que je viens de perdre mon boulot ? Je risque de perdre mon appart et je ne trouve rien. Mes parents ne veulent plus me voir, je ne sais plus quoi faire. »
Je ne pouvais pas ne pas écouter. J’ai sorti deux billets de ma poche, 200€, espérant l’éloigner. Je la plaignais, que deviendrait-elle si elle ne retrouvait pas un emploi rapidement ? Elle m’inspirait de la pitié. Obligée de se prostituer avec des hommes plus âgés que son propre père pour survivre. J’étais affligé. Elle se penchait à nouveau pour demander : « Tu crois que tu pourrais me donner 500… ou 1000€ si je passais la nuit avec toi ? » Je ne savais pas quoi répondre. J’avais éprouvé un instant de désir devant son décolleté, sa confession avait tout anéanti. La pitié tuait le désir. J’avais remis la main à la poche et sorti un billet de 500. J’avais peur qu’elle ne se jette à mon cou mais Michel était revenu avec les filles, une à chaque bras. Nous avions commandé une dernière bouteille de champagne. Michel négociait avec une fille. Je m’étais penché vers lui : « j’ai réservé deux chambres tout près d’ici, tu peux amener une fille si tu veux. » Il m’avait remercié de son beau sourire. J’avais questionné :
« Elle te demande combien ?
– C’est mon problème, je paie.
– Tu as du fric sur toi ?
– Je ne vais pas quand même pas te demander ça, je peux payer, je dois payer.
– Comme tu veux. »
Michel était parti avec la plus jolie. La troisième comptait sur moi, elle espérait encore. Alors que nous venions de quitter la boite elle avait fait demi-tour, probablement dans l’espoir de trouver un consommateur plus sensible. Cinq minutes après j’entrais dans ma chambre, propre et bien chauffée. Il était 3 heures. Le témoignage de cette fille me troublait. Obligée de coucher avec des vieux pour survivre, quelle misère.
Reposé j’avais pris un petit déjeuner copieux, du jus d’orange frais, du pamplemousse, du saumon fumé, une omelette et deux croissants délicieux. J’avais lu le journal et j’étais sorti. Je me doutais que Michel ne se lèverait pas avant midi, je lui souhaitais d’avoir bien profité de sa nuit. Je m’étais arrêté dans un magasin pour lui acheter des chemises et des sous-vêtements, deux jeans et un manteau. Rentré à la chambre j’avais lu Knausgaard. L’esprit clair, j’avais envie de rentrer pour écrire. Plaisir et dictature du devoir.
Michel avait sonné à 11h30.
« Comment ça s’est passé ?
– À merveille, ça fait du bien.
– On va rentrer, tu me raconteras dans la voiture. J’espère qu’elle ne t’a pas pris trop cher.
– C’est toujours la même chose : pas cher avant, trop cher après. Mais sois en sûr, c’était une bonne soirée. Je te remercie, je n’avais pas déconné autant depuis un moment.
– Moi aussi. A refaire très vite.
– Méfie-toi, je vais m’habituer aux bonnes choses.
– On est deux. Pas de souci.
– J’ai rarement vu des filles aussi sottes.
– Tu t’y attendais, non ? Tu avais discuté avec elles.
– Oui mais il y a toujours un espoir, tu crois que derrière la façade tu vas trouver un peu de subtilité, de finesse. Mais là ce sont des modèles de sottise, je suis peut-être trop vieux mais j’avais l’impression d’être dans un film avec de mauvaises comédiennes. Elles ont deviné, en voyant le champagne, qu’il y avait de l’argent à prendre et elles se sont improvisées escort girls. Mais l’escort débutante, pathétique.
– Ne boude pas ton plaisir, tu t’es éclaté !
– Je ne regrette rien mais cette fille quel numéro !
– Elle t’a soulagé au moins.
– À tout point de vue.
– Regarde derrière… le sac. Je suis allé t’acheter quelques vêtements. Ça te consolera un peu.
– Qu’est-ce que tu as encore fait ?
– Pendant que tu dormais dans les bras de Miss Monde j’ai essayé de me rendre utile.
– Tu veux dire Miss Immonde. »
J’étais sûr de lui faire plaisir. C’était notre première journée ensemble.
Le surlendemain je débarquais chez lui juste avant 19 heures, il m’avait invité à dîner. J’avais amené à manger et à boire. Nous avions bu une bière devant la télé. Michel regardait son émission préférée, TPMP de Cyril Hanouna. « J’aime la télé populaire, drôle, facile à suivre. Sur une autre chaine tu as l’émission de Yann Barthès qui représente pour moi un sommet de prétention démagogique. Avec Hanouna il n’y a pas tromperie sur la marchandise, c’est du popu qui ne se cache pas et ne te vend pas la lune. Il y a chez Barthes un côté donneur de leçon « je suis du bon côté de la barrière » qui m’exaspère, le côté donneur de leçon intolérant qui me rappelle les années 81-82. Tu m’as compris. »
2 Comments
J’aime bien ton écriture Martin
Ça se lit comme un MUSSO
Merci Christian!