Céline MORT À CRÉDIT**

lu en janvier 1983

L’histoire d’une enfance et d’une adolescence d’un dénommé Ferdinand. Famille pauvre, minable, un peu voyou, nulle part à l’aise. Il fréquente un peu l’école puis cherche des jobs. Il se fait chasser, magouilleur, la malchance, le décor sale. Il finit aux côtés de Courtial Des Péreires, sorte d’inventeur génial, fou et peu scrupuleux. Courtial meurt. Ferdinand rentre chez son oncle Edouard. Il se prépare à partir à l’armée. Séjour en Angleterre, représentant en bijoux.

Grand bouquin passionnant. Quelle peinture du minable et du misérable.

Relu en mars-avril 2019

L’enfance à Paris dans un minuscule logement entre une mère qui tient une misérable boutique de bibelots et un père employé d’une compagnie d’assurances où il subit mille vexations pour un salaire ridicule. Un père qui pique des colères terribles contre son fils qu’il voit comme un monstre atteint de tous les vices. Une mère qui boite et endure les malheurs à répétition avec une résignation totale. Une situation misérabiliste à l’extrême et d’une grande drolerie. Le père est formidable dans sa paranoïa et la prédiction des malheurs à venir. Ferdinand se fait battre, menacer, un peu de répit avec sa grand-mère, un ou deux copains d’infortune, sa mère lui déniche un petit boulot de représentant en bibelots (abjects…) qu’il perd suite au complot de la patronne et de son amant qui l’accusent d’un vol qu’ils ont commis. Colère historique du père: « je te l’avais bien dit, il finira par nous assassiner… » Verve extraordinaire, la logique des arguments paternels est imparable. 

Excellente lecture, grande drôlerie mais situation peu reluisante, gamin accusé de tout… La 2ème moitié du bouquin est consacrée à la vie auprès de Courtial Des Pereires, un personnage extraordinaire inspiré d’Henri De Graffigny, ingénieur, inventeur, écrivain, éditeur d’une revue scientifique. Personnalité ébouriffante d’une verve, d’un esprit, peint avec une drôlerie qui vous subjugue, 300 pages sur le bonhomme qui déniche toujours l’idée fabuleuse qui va le rendre riche et célèbre, même si la richesse et la célébrité lui importent moins que de contribuer à l’essor de l’humanité et au développement de la science. Drôlerie, bagout extraordinaire, vocabulaire à la fois précis, scientifique et drôle. Quel talent ce Céline! Mort à Crédit est un ouvrage supérieur au Voyage. Qu’il s’agisse du fond ou du style. 

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