Georges Simenon MÉMOIRES INTIMES – LE LIVRE DE MARIE-JO***

lu en février 1982

En 1980 Simenon entreprend de raconter sa vie, à l’intention de ses enfants, surtout pour Marie-Jo qui vient de se suicider. Il ne donne pas les détails de sa vie mais se concentre sur ce qui touche aux enfants, ce qui peut leur servir, les circonstances qui ont entouré leur naissance, leur enfance, leur adolescence.

Né en février 1903, il épouse Tigy à 20 ans. En 1939 nait Marc. Ils vivent en France puis au Canada, puis aux USA. Il se sépare de Tigy, s’éprend de Denise, personnalité complexe, soucieuse de s’affirmer et de dominer, malheureuse, qu’il essaie vainement de rendre heureuse. Naissances de Johnny, Marie-Jo (1953) et Pierre. Ils reviennent en Europe, en Suisse, Echaudens, Epalinges. Marc fait du cinéma, Johnny poursuit ses études. Marie-Jo s’installe à paris. Elle tente beaucoup de choses mais ne trouve pas son équilibre. Simenon fuit Denise et aime Teresa. Marie-Jo ne s’épanouit pas, angoissée, doutant d’elle-même et surtout « amoureuse » de son père.

Elle se tue en mai 1978. Les autres réussissent. Simenon est heureux avec Teresa, une femme nature. Il se montre serein à propos de Marie-Jo: elle ne pouvait pas « vivre », souffrant d’hyper-sensibilité.

Je ne veux pas raconter davantage. Ce livre est un des plus beaux livres d’amour de la littérature, le plus bouleversant qu’il m’ait été donné de lire. Il illustre comme aucun autre l’amour paternel, la tendresse d’un père pour ses enfants. Et ce père est l’immense Simenon, le contemporain capital comme l’appelait Gide, simple et franc. Plus beau que Belle Du Seigneur. Souvent j’avais la gorge serrée et douloureuse, les larmes aux yeux. Comment réagir à la lettre-testament de Marie-Jo page 598? C’est beau et grand. Simenon écrit sans prétention aucune, il ne cherche ni à briller ni à impressionner. Il a écrit un chef d’oeuvre, la vie, l’amour, la tendresse. Le décor d’une vie passionnante, le confort, les voyages grâce au succès. Je ne me souviens pas d’un livre plus bouleversant.

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