Dès que sort un nouveau disque de Tame Impala on assiste à l’unanimité des critiques: le génie Kevin Parker a encore frappé… L’album de l’année! On vient de le voir en février avec The Slow Rush.
Tame Impala a recréé le son psychedelic, mieux que personne: gigantesque écho sur la voix positionnée en arrière, batterie filée comme au bon vieux temps de Sweet Smoke avec les cymbales splashées à mort, guitares saturées, claviers en fond. Ce serait encore meilleur si la production était clean, détaillée, avec une batterie profonde un peu moins sèche. Il faut reconnaitre que même dans Slow Rush le son reste très home studio artisanal. Il faut aussi reconnaître que ce son est plaisant, intéressant, ce côté planant, stéréo qui part de gauche à droite, personnellement j’aime bien mais je voudrais une production plus sophistiquée.
Mais la musique? Les chansons? La mélodie? C’est mitigé. Je ne juge que la musique, je ne cherche pas à comprendre les paroles. Le propos de Kevin ne m’importe pas. Sujets de société, nouveau papa, la pollution, je laisse cet aspect aux critiques pro.
Si on commence par le dernier Slow Rush. Un seul morceau tient vraiment la route c’est One More Year et là c’est super: une ambiance riche, une mélodie nostalgique qui vous embarque, dreamy à souhait. Super titre. One More Year****. Ensuite Is It True*** n’est pas mal. Pour le reste le son est là (Kevin s’est payé du meilleur matériel, il a désormais les moyens) mais je ne vois pas de construction mélodique, c’est plat, il ne se passe rien, pas d’émotion.
Revenons au commencement:
Innerspeaker 2010
Ne parlons pas du son, c’était son premier album. C’est quand même assez hard sur les oreilles. Dès cet album Kevin Parker se positionne comme un Syd Barrett plus rock. 4 titres se détachent: I Don’t Really Mind***; Runway, Houses, City, Clouds***; Solitude Is Bliss***; Why Won’t You Make Your Mind?*** Cette dernière est probablement celle qui emmène le plus haut en terme d’intensité mélodique.
Lonerism 2012
Pas de changement d’ambiance, une batterie qui sonne toujours aussi sèche et pauvre. Be Above It* démarre l’album, il ne s passe rien. Ensuite c’est un peu mieux mais sans éclat. Jusqu’à Feels Like We Only Go Backwards**** Un morceau inégal avec des platitudes mais avec des élans majestueux (le refrain) qui vous jettent haut dans le ciel. Je lui mets 4 étoiles mais sur l’ensemble il n’en mériterait peut-être que 3. Je suis tenté de mettre aussi 3 étoiles à Nothing That Has Happened So Far Has Been Anything We Could Control*** Par moment elle m’a emballé, d’autres fois je suis moins séduit mais je ne vais pas ne voir qu’un seul bon titre dans un disque encensé…
Currents 2015
Le premier titre Let It Happen*** est la petite merveille de l’album, la seule malheureusement. New Person, Same Old Mistakes** n’est pas mal. L’ambiance est bonne, l’univers sonore toujours le même mais aucun autre titre ne vous emporte, ne vous plonge et ne vous projette. Elles ne sont pas désagréables mais l’émotion ne se présente pas.
En conclusion je reste sur ma faim avec Tame Impala. je considère que la richesse mélodique (ce qui crée l’émotion) est rarement excellente. Elle l’est parfois mais pas régulièrement. L’ambiance musicale est belle, c’est psyché à souhait, mais pour moi le plus important en musique c’est l’émotion – et ce sont les mélodies qui créent l’émotion. Imho elles font défaut. Contentons-nous d’écouter les meilleurs titres qui sont vraiment beaux et forts.
Sur un seul album Cabinet Of Curiosities Jacco Gardner a lui aussi rendu hommage au génie de Syd Barrett. Un album avec un super son psychédélique et rempli de magnifiques chansons.