Saint-Simon MÉMOIRES*****

lu entre avril 2014 et juin 2015

Tome 1   Déjà lu jadis (1984*) mais sans souvenir précis. Ce volume couvre les années 1694 à 1701. La vie à la cour au jour le jour à travers les incidents: présentation des personnages et des événements par petit chapitre. La guerre, les querelles de préséance, les décès et les mariages, les batards du roi qu’il pousse au premier rang. Saint-Simon est très à cheval sur la préséance, il s’irrite des manquements à l’ordre hérité de l’histoire et de la naissance. Ce qui est rassurant c’est que les gens bien sont unanimement reconnus et soutenus de la majorité de la Cour. Saint-Simon donne des portraits vifs, complets, détaillés, sévères et moraux. Et c’est passionnant. Evidemment il est difficile de s’y retrouver, il cite tellement de noms mais l’intérêt ne faiblit pas. Un long passage final sur l’Espagne et le jeune roi, petit-fils de Louis XIV, qui s’y rend quand le trône lui echoit. C’est moins moderne que Casanova, moins proche, mais très prenant.

Tomes 1 à 8    Quelle lecture, quel homme, quel style. Mon intérêt est toujours plus grand. Je ne me souvenais plus du rôle qu’il avait joué auprès du Duc D’Orléans. La qualité et la profondeur de ses argumentations me laissent pantois. Eblouissant. Et son portrait du Père Tellier! Quel grand écrivain. Et puis le talent avec lequel il vous fait souffrir avec lui des injustices, des fautes commises par tel ou tel… Admirable. Un immense bonheur de lecture. Des portraits d’une profondeur et d’une richesse impressionnantes. L’analyse fouillée à l’extrême des forces en présence, la frustration face aux faiblesses du régent toujours convaincu par ses raisonnements implacables et qui cependant finit toujours par céder aux ruses du camp adverse. L’humanité peinte comme elle est, dans ses grandeurs et ses petitesses, les ambitions et les mesquineries, l’appât du gain, du pouvoir et des honneurs, la frustration quand souvent l’injustice l’emporte et puis aussi quelques moments de soulagement quand, au détour du portrait de quelqu’un qui vient de mourir, il souligne qu’il était universellement apprécié. Un long passage plus ennuyeux: la reproduction des textes de Torcy sur l’Espagne avant que Saint-Simon n’y parte comme ambassadeur extraordinaire. Le ton est précis, l’histoire est riche, pour autant ce n’est pas Saint-Simon, c’est froid, factuel, c’est ennuyeux. Admirable ouvrage, assurément un des plus grands de l’histoire de l’humanité. Je n’ai pas lu les Additions Au Journal De Dangeau, je les lirai plus tard, quand j’aurai le temps.

Quelle différence entre le 17ème et le 21ème siècle ? L’homme sera toujours l’homme, dans la grandeur comme dans la bassesse, avec toutes les nuances intermédiaires.

Un sommet de la littérature mondiale.

  • Compte-rendu mars 1984 : Saint-Simon décrit l’activité de la cour, autour du Roi, chronologiquement à partir d’événements ou de personnages. Présentation, portraits, caractère, généalogie. Il faut s’y mettre. Ensuite c’est un régal. À la fin du premier tome je ne connais pas encore l’homme Saint-Simon. Il reste au dehors en observateur, il se montre féroce, sévère. Je m’efforce de déterminer une hiérarchie entre les différents personnages: lesquels sont vraiment les plus riches, les plus puissants, les plus influents: impossible. Pas facile non plus de cerner le personnage de Saint-Simon à la Cour, est-il en vue, est-il bien vu, estimé, important ou effacé et négligé? Quelle est sa place, comment est-il considéré? Je le vois intellectuel, original, esprit fort, peu courtisan. PASSIONNANT.

Tome V 1714-1716 lu entre décembre 87 et mars 88

La dernière année de Louis XIV et la mise ne place de la régence avec un Duc D’Orléans tragiquement influençable, véritable marionnette et Saint-Simon seul pilier, affairé à corriger tout ce qui peut l’être. Saint-Simon se posant comme juste, avant tout soucieux de la grandeur de la France, lucide. Les problèmes d’affaires étrangères m’ennuient, difficiles à démêler.

Laisser un commentaire