Raymond Roussel COMMENT J’AI ECRIT CERTAINS DE MES LIVRES*

Raymond Roussel écrit dans son dernier ouvrage  Comment J’ai Ecrit Certains De Mes Livres  (10/18): « En terminant… je reviens sur le sentiment douloureux que j’éprouvai toujours en voyant mes oeuvres se heurter à une incompréhension hostile presque générale… Et je me réfugie, faute de mieux, dans l’espoir que j’aurai peut-être un peu d’épanouissement posthume à l’endroit de mes livres. » J’éprouve une grande peine en lisant ces lignes. Michel Foucault, dans l’essai qu’il lui a consacré, mentionne ces phrases sans les commenter, comme si elles étaient anodines. Pour moi elles disent tout. Quand on voit le complexité de ses oeuvres, le temps consacré à les écrire, ces années d’un travail immense et l’absence de reconnaissance oui cela m’afflige. Sont entourées de bruit tant d’oeuvres banales, si légères qu’elles ne font pas mal aux pieds lorsqu’elles tombent des mainscomme disait Céline, que l’injustice réservée à Roussel est frappante. Certes André Breton l’a qualifié de génie à l’état pur mais en général ignorance complète. Au-delà de ses livres sa vie est touchante, poétique à l’excès, démente, tellement touchante. Il se ruine en excentricités, fait construire des automobiles pour voyager sans jamais en sortir, ne déjeune qu’une fois par jour à partir de fruits et légumes amenés quotidiennement depuis ses propriétés du midi. Enfin il monte ses textes au théâtre, à grand frais, sans aucun succès, ne récoltant que des insultes, soutenu seulement par les surréalistes. Il se réfugie dans la drogue et se suicide. Triste. Quel destin.

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